Il n’est jamais trop tard pour aimer
Il y a quelques mois, je vous partageais mon témoignage de célibataire, la conversion de regard que j’ai eue la grâce de vivre à l’égard de cette période de célibat et les étapes traversées pour gagner en liberté. A cette occasion, il m’était apparu qu’il était une manière spécifiquement féminine d’aborder la question du célibat, liée à ce qu’on surnomme communément « l’horloge biologique ». Certes, cette dernière pourrait être invoquée pour décrédibiliser mon propos au moyen d’un « ça va, tu as encore le temps ! », pourtant c’est bien d’elle dont je souhaite parler aujourd’hui, en pensant tout spécialement à mes amies qui ont soufflé quarante bougies.
Plusieurs d’entre elles m’ont confié leur peine de voir combien la simple mention de leur âge pouvait faire détourner le regard de l’homme qui prêtait jusque-là attention à elles. Il n’y a pas si longtemps, il était encore inconvenant de demander à une femme son âge. Aujourd’hui, force est de constater que les sites de rencontres en font un critère déterminant. Une amie me partageait que plusieurs de ses amis de quarante-cinq ans passés n’envisageaient pas de fonder un foyer avec une femme ayant dépassé trente-cinq ans. La raison invoquée n’est pas forcément aussi superficielle qu’elle peut paraître : il ne s’agit pas là seulement de trouver une femme dont le corps n’a pas pris une ride, ou de se rassurer avec une femme dont l’écart d’âge garantirait l’autorité de l’homme sur elle, il s’agit parfois tout simplement d’assurer une descendance. Le désir de fonder une famille est tout à fait légitime. Il est beau. Il est grand. Et Dieu le bénit !
Espérons pour eux qu’ils trouvent chaussure à leur pied. Il serait malheureux que cocher la case « 25-35 ans » les fassent passer à côté d’une perle rare. D’autant que souffler quarante bougies ne sonne pas le glas définitif de la fertilité. Il est bon de le rappeler pour couper court aux préjugés : la ménopause est un processus progressif. Cinquante et un an : voilà l’âge moyen qui marque la fin de la fertilité. Si cette information peut permettre à certains lecteurs d’ôter leurs œillères pour voir la perle qui se tient peut-être à côté d’eux, tant mieux ! Quant à la question d’une possibilité plus importante que l’enfant soit porteur d’un handicape au fur et à mesure que la mère avance en âge, confions-là au Seigneur afin qu’Il accorde les grâces nécessaires pour vivre dans la foi l’accueil inconditionnel de toute vie.
La fécondité est l’un des quatre piliers du mariage. Aussi est-il vrai qu’il est nécessaire de s’ouvrir à cette fécondité pour qu’il puisse y avoir sacrement du mariage. Attention cependant à ne pas confondre fécondité et fertilité. L’infertilité d’un couple n’empêche pas sa fécondité, qui peut s’exprimer de multiples manières.
Il n’en demeure pas moins qu’il peut être douloureux, pour un homme comme pour une femme, de faire le deuil d’une descendance. La différence, c’est que l’homme vit le plus souvent ce deuil avec sa femme, tandis que la femme peut être amenée à vivre ce deuil seule si elle est célibataire, en acceptant progressivement que son corps vive l’agonie de sa fertilité.
Quelle espérance porter lorsque la société renvoie l’image de « femmes périmées » à toutes celles qui ont passé la quarantaine ?
Dans ce contexte, nombreux sont les pièges qui guettent la femme. A commencer par ce premier mensonge que Satan lui susurre à l’oreille : « c’est trop tard ». En effet, la tentation est grande alors, pour peu que la distinction entre fécondité et fertilité ne soit pas faite, de se retirer la permission de construire un couple « parce que je n’y arriverai pas à temps pour avoir des enfants ». Jésus nous a montré comment lutter contre les tentations : la réponse du Christ au désert est toujours tirée de la Parole de Dieu. Or que nous dit cette Parole à propos de l’horloge biologique ?
« Car rien n’est impossible à Dieu »
Luc 1, 37
Rien. Posons cet acte de foi en la toute-puissance de Dieu. Dieu peut montrer sa gloire dans les situations qui nous semblent les plus désespérées. Rejetons donc définitivement ce mensonge qui nous fait croire qu’« il est trop tard ». Avec Dieu, il n’est JAMAIS trop tard. Pour se convertir. Pour aimer. Pour se laisser aimer.
En qui mettons-nous notre foi ? Allons-nous faire confiance au monde ? Ou à Dieu qui a permis à Sarah et à Elisabeth d’enfanter ?
« Par la foi, Sara, elle aussi, reçut la vertu de concevoir,
et cela en dépit de son âge avancé,
parce qu’elle estima fidèle celui qui avait promis. »
Hébreux 11,11
« Et voici qu’Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi,
de concevoir un fils dans sa vieillesse,
et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait la stérile,
car rien n’est impossible à Dieu »
Luc 1,36-37
Le monde dit « il est trop tard » mais Dieu répond que rien ne Lui est impossible ! C’est Dieu qui porte notre espérance ! Ne désespérons pas de toutes ces années que nous estimons parfois perdues, offrons-les au Seigneur à l’image du psalmiste :
« Rends-nous en jours de joie les jours de nos épreuves,
et en années de joie nos années de malheur ! »
(Ps 90,15)
L’horloge biologique existe bel et bien. Elle nous rappelle que nous sommes de passage en ce monde et que tout passe. Seul l’amour demeure. Et pour ce dernier, il n’est encore une fois jamais trop tard ! Cette horloge peut nous aider à affronter nos peurs d’engagement, elle peut nous inviter à élargir notre réseau relationnel, à soumettre nos critères de « la bonne personne » à Dieu en lui demandant de voir, comme Lui les voit, les personnes qu’Il met sur notre route. Mais quand les douze coups de minuit viennent à sonner, n’oublions pas qu’ils ne sonnent pas la fin de l’histoire pour Cendrillon, bien au contraire. Ils sonnent peut-être la fin d’un rêve. Les larmes alors accompagnent cette épreuve. Au cœur des larmes, gardons ferme l’espérance que Dieu peut nous combler au-delà de nos rêves. Alors Il nous révèlera que la joie et les larmes sont les deux facettes de la Croix par laquelle Il nous ouvre le chemin du Salut.
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