"Donner du sens à nos actions" 2/3

Vous trouverez dans cet article la transcription d'un enseignement du Père Pascal Ide donné à Paray-le-Monial et sorti en septembre 2024. Cet enseignement fabuleux sera étayé d'exemples ayant trait à la vie de femme, pour qu'il vous parle encore plus au cœur. Pour plus de ressources, n'hésitez pas à consulter le site internet du Père Pascal Ide: https://pascalide.fr/ 

Nous allons voir ensemble trois choses, vertus ou attitudes qui nous transforment et nous améliorent, à rythmer sur l'ensemble de notre journée. La première vertu, celle du matin, est la vertu d'espérance. Dans cet article, nous allons explorer la vertu qui doit nous guider tout au long de la journée: le don de soi.

Second volet (2/3): la JOURNEE ou la vertu du DON DE SOI

On pourrait dire la générosité ou la charité.

Extrait de film : Un jour sans fin

Il raconte l’histoire de Phil, présentateur météo très talentueux dont l’ego est énorme. Il ne voit pas Rita, à côté de lui, amoureuse de lui, mais qui ne supporte quand même pas le fait qu’il est toujours au centre. Il part faire un reportage dans un « trou paumé », ou il se retrouve bloqué à cause d’un blizzard. Le lendemain, il réalise que le jour qui commence est le même que le précédent. Ainsi, il va devoir jouer la même journée pendant un temps totalement indéterminé. De même que son monde à lui est satellisé autour de son ego, de même le temps qu’il vit c’est le même temps.

« Quoiqu’il arrive demain ou le reste de ma vie, je suis heureux maintenant parce que je t’aime. » dira-t-il à Rita. Il ne va pas chercher à récupérer Rita pour sortir de cet enfermement. Désormais, il l’aime pour elle et non pas secrètement pour lui. Peu à peu il commence à naître au vrai don de soi.

La question à poser, chaque jour, est la suivante:

« Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi aujourd’hui ? »

Merveille de cette parole qui contient les 3 caractéristiques du don :

-          Il est sans retour c’est-à-dire tourné vers l’autre. C’est le « pour toi ». Je ne fais pas les choses pour moi, mais pour toi. Je t’écoute pour toi. Peu importe le bénéfice, ce que je cherche ce n’est pas de la joie, même si elle vient par surabondance.

-          Il est sans retard. On procrastine toujours pour le don. Vous avez cette journée que le Bon Dieu vous donne, donnez. Et la journée aura du sens, même si vous n’avez pas ce que vous rêvez de vivre dans cette journée, vous aurez donné et cela a un sens fou. Et si vous l’écoutez bien, ça se solde toujours par une vraie joie intérieure, quand le don est sans mélange.

-          Il est sans restriction. On ne dit pas « Est-ce que je peux faire ceci ou cela ? » mais « Est-ce que je peux faire quelque chose ? » Ce qui te plaira, je suis à ton écoute, pas ce que j’imagine ou ce que je projette ! On raconte un jour qu’à un anniversaire, on avait offert à la personne le livre que chacun préférait. Mais ce n’est pas forcément ce que la personne veut lire ou aime lire ! Le « faire quelque chose », c’est vraiment tourné vers l’autre.

-          Il est proposé, jamais imposé. « Est-ce que tu veux ? » « Est-ce que je peux ? ». Dites non à ces sauveteurs insupportables qui font votre bien que vous le vouliez ou non… stop !

« Les intégristes, c’est ceux qui font la volonté de Dieu, que Dieu le veuille ou non. » (André Froissart).

Superbe chemin !

Saint Bernard de Clairvaux a écrit un beau Traité de l’amour de Dieu, où il dit que l’amour progresse en 4 temps.

Premier temps : l’amour de soi pour soi.

C'est le moment où l’on apprend à s’aimer soi-même ce qui est nécessaire mais pas suffisant.

Deuxième temps : l’amour de Dieu pour soi.

L’enfant prodigue, quand il revient, c’est d’abord pour bien manger. Et le père l’accueille avec joie ! Ce n’est pas pourtant le sommet de la vie spirituelle.

Troisième temps : l’amour de Dieu pour Dieu.

Je vais aimer Dieu pour lui-même. Le mouvement de l’amour, c’est ce mouvement de décentrement de soi. Ce n’est pas moi qui suis au centre. Ce qui touche le cœur de Dieu, c’est de dire à Dieu « Je viens pour toi. » Ne cherchez pas à ressentir, ce n’est pas une question de ressenti mais de mouvement intérieur du cœur. Le fruit de joie je le ressens par surabondance après.

Quatrième temps : l’amour de soi pour Dieu.

Se livrer à Dieu et se donner totalement. C’est l’achèvement de la gratuité.

Ce chemin en 4 temps que nous décrit le fondateur de Clairvaux vaut aussi pour l’autre.

D’abord je m’aime pour moi-même, puis j’aime l’autre pour ce qu’il m’apporte, c’est un pan un peu utilitaire du don, mais le véritable achèvement de l’amour commence lorsque j’aime l’autre pour lui-même.

Exemple concret : un ami vous dit « tiens, je serais content que tu viennes chez moi ce week-end ! » Alors on est content de venir voir l’ami en question, on se dit qu’on va passer un peu de temps au calme, que quelqu’un va prendre soin de nous, et finalement, quand on arrive, l'ami en question nous dit « Ah tu sais, ça tombe bien que tu sois là, il faut que je repeigne ma chambre ! » Comment vous sentez-vous intérieurement ? On peut ressentir de la colère, de la tristesse, ou du découragement quand on voit que l’autre nous a utilisé. Et inversement : quand quelqu’un est totalement centré sur vous, qu’il n’a d’autre intérêt que vous, une espèce de tropisme… Que ressentez-vous quand vous vivez cela ? De la gratitude !

Petite démarche :

1. Prenez conscience que parfois vous êtes utilisé.

   
   

2. Prenez conscience que parfois, je fus aimé par une personne.

   
   

3. Matthieu 7, 12 : « Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux aussi. »

   
   

4. Décidez de vous centrer sur l’autre. C’est une décision, pas seulement une prise de conscience. La question principale est celle de l’intention : est-ce que l’acte que je pose n’est vraiment tourné que vers l’autre sans que je cherche du bénéfice pour moi ?

   
   

5. Faites-le au moins une fois par jour. C’est cela qui me transforme. Vous allez à une soirée ? Ok, vous allez voir telle ou telle personne, mais essayez de voir au moins une personne rien que pour elle.

Et vous verrez que cela vous amènera vite à notre troisième et dernier volet, celui du soir: la gratitude !