Les écrits d’Edith Stein, devenue Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, à propos de la femme, sont denses. Ils constituent un vivier intarissable sur la vocation de cette dernière, faite, quel que soit son état, pour la maternité.
L’idée développée ici a été reprise par Gabrielle Vialla, dans Recevoir le féminin. Il s’agit ici d’aborder les deux modalités à investir pour être pleinement femme.
Quand Dieu modela la femme, l’exclamation d’Adam en la voyant fut le plus beau des éloges à son égard :
« Voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! » (Genèse, 2, 23).
Dieu a conçu la femme, car il a vu la solitude d’Adam. Ce qui manquait à ce dernier, il l’a façonné avec la glaise de son corps, en créant une entité complètement différente de lui, appelée à le soutenir. C’est le mode complétif. Dans ce mode, la femme est appelée à seconder l’homme. Sa vocation de mère (il y a, bien sûr, plusieurs formes de maternité) découle de cela. Attention, on ne parle pas ici de rapport hiérarchique. La femme n’est pas inférieure à l’homme. Non. Elle est venue répondre à une soif chez lui, le besoin d’avoir face à lui quelqu’un qui lui ressemble : un vis-à-vis. Plus généralement, le mode complétif s’étend à l’Autre. L’accueil, la disponibilité, l’écoute… Telles sont les flammes intérieures que Dieu donne à la femme comme de petites grâces pour aimer son prochain.
La femme a reçu, comme l’homme, la mission de dominer la terre. Pour cela, il lui est demandé de réaliser. Ce mode réalisatif invite la femme à entreprendre. Il n’est question ici ni d’argent, ni de valorisation, mais de vocation, et de puissance créatrice donnée par Dieu. La femme est appelée à faire fructifier ses talents. Elle est appelée à apporter sa pierre à l’édifice. A travailler à l’avènement d’un monde toujours plus juste. En ayant un projet, la femme agit sur le monde. Ces projets peuvent être d’ordre artistique, social, intellectuels, manuels… Les bénéfices de cela sont qu’en s’ouvrant toujours plus, la femme trouve un équilibre personnel non négligeable. J’insiste sur cet aspect qui me paraît primordial : le déploiement de notre féminité se situe dans le don, mais ce don a de multiples facettes.
Crédit photo: Magasine Zélie
Ces deux modes, en s’équilibrant, décuplent la capacité du canal féminin. En tant qu’instrument de Dieu, la femme se donne aux personnes qui l’entourent, et participe à la construction du monde. Osons croire cela : qu’une vie unifiée est possible, en dehors des quatre murs de notre foyer. Attention aux multiples écueils qui sont tapis tout au long du chemin. L’assistanat par exemple : telle la femme qui se sent plus mère que femme et qui considère que sa seule réussite, c’est son foyer (ceci n’est qu’un exemple). Le carriérisme est un autre danger, qui peut nous amener à penser « salaire », alors que la gratuité est probablement la plus belle dimension du don féminin. L’activisme, la comparaison… autant d’écueils que de femmes !
« La femme entretenue, c’est la honte de la vocation de la femme. Cela n’a rien à voir avec la femme qui est le foyer, la lumière, le cœur et la conscience de la famille, qui travaille par ses talents au bien des siens, de l’Eglise, et de la société humaine. Cette femme-là, à l’image de Marie, discerne, prie, travaille, obtient miséricorde car elle sait intercéder. »
(Gabrielle Vialla, Recevoir le féminin, éditions FécOndité)
A l’image de Marie, Dieu veut faire de nous des présences aimantes, signes vivants de son amour pour les hommes. Comme le disait Saint Jean-Paul II, nous sommes appelées à devenir « sentinelles de l’invisible » !
« Chers amis, pour cela nous savons que nous pouvons compter sur Celle qui, n’ayant jamais cédé au péché, est la seule créature parfaitement libre. C’est à elle que je vous confie. Marchez avec Marie sur les chemins de la pleine réalisation de votre humanité ! »
(Jean-Paul II, homélie du 15 août 2004)
Merci beaucoup pour ta réponse qui est éclairante et l'exemple effectivement, bien parlant. En fait je crois que ma question portait plus sur l'aspect anthropologique que pratique dans le sens où je me demande quelle est ou quelles sont les raisons dans nos constitutions d'homme et de femme qui font que la femme va être davantage appelé à la gratuité et l'homme à la "rentabilité" (si on peut dire ça comment ça) ? Est-ce le côté de l'homme qui a besoin de voir le fruit très concret de son travail avec cette aspect de performance dans l'action face à la femme qui est davantage porté sur le rationnel et la gratuité. Exemple typique d'un jeu sportif où la femme est…
Bonjour chère Marion ! Merci pour ton commentaire. Quand je parle de gratuité du don féminin, c'est bien propre à la femme (malheureusement toutes les femmes ne peuvent pas se le permettre). Cela signifie que la plus belle réalisation du don de soi sur le mode réalisatif est gratuite, à l'inverse de l'idée de salaire. Quand c'est possible, c'est très beau (je pense que cet exemple te parlera si tu as fait Philanthropos, mais souviens-toi de Siffreine qui a donné de son temps gratuitement pour le théâtre par exemple). L'homme a reçu pour mission de nourrir sa famille, ce qui nécessite (sauf s'il travaille la terre !) de gagner de l'argent. Mais il y a bien sûr une dimension gratuite…
Bonjour Agnès (T), merci beaucoup pour ce bel article !!
J'ai une petite question, quand tu dis "la gratuité est probablement la plus belle dimension du don féminin" est-ce valable aussi pour les hommes au sens masculin ? Car est-ce que ce n'est pas la vocation de l'Homme de se réaliser dans le don de soi-même ? Ou est-ce que la femme a des "modalités du don"différentes et propres à son sexe ? Je te remercie par avance :) sois bénie et encore merci !