"Pour que le "oui" des époux soit un acte libre et responsable, et pour que l'alliance matrimoniale ait des assises humaines et chrétiennes solides et durables, la préparation au mariage est de première importance."
Catéchisme de l'Eglise Catholique, n°1632
Que sont les fiançailles ?
Les papillons dans le ventre, le désir qui enfle lentement dans les entrailles, la perspective d'une vie à deux, l'horizon des enfants... Oui, il y a moyen de vendre du rêve quand on lit cela. Pourtant, les fiançailles ne sont pas toujours (c'est même pluôt rare) un temps de joie facile et d'étoiles dans les yeux.
Ce mot fiançailles, tiré du latin confiare (confier à) signifient pour un couple une déclaration d'amour avec volonté de se marier. La notion de promesse, de voeu est venue bien plus tard. Fondamentalement, à partir du moment ou l'homme demande sa bien-aimée en mariage et qu'elle accepte, ils sont fiancés.
Pour notre part, elles eurent lieu dans la grotte de la Sainte Baume, avec à la clé bénédiction d'un père dominicain, un matin d'hiver. Il n'y avait que lui et nous. Après, nous avons partagé une bouteille de vin et des tartines de tapenade, humble festoiement à la mesure de ce que nous souhaitions pour ce temps.
C'est tout, me direz-vous ? Oui, et ce fut parfait. Pas de bague ? Non, pas de bague. Pas de bague mais un magnifique stylo plume choisi avec soin dans une boutique parisienne. Mon futur mari connaissait ma passion pour les stylos et l'écriture, et ce cadeau m'a d'autant plus touchée que je ne suis pas très bijoux.
Figurez-vous qu'il n'y a rien de plus que cela dans les fiançailles. Nous en avons fait toute une histoire, et de fait il est beau de savoir célébrer l'amour. Oui, tant que cela laisse les jeunes amoureux LIBRES. Et rien n'est plus engageant qu'une grande fête, du champagne, des cadeaux et plein de photos pour se sentir déjà très engagés et avoir du mal à faire marche arrière...
Les fiançailles s'inventent avec chaque couple qui souhaite s'engager. On peut définitivement dire ce qu'elles ne sont pas: un mini-mariage.
Les fiançailles, le temps privilégié de préparation au mariage
Imaginez que vous êtes athlète, je ne sais pas moi, professionnel du saut en hauteur. Allez-vous considérer que votre entraînement est déjà une victoire ? Allez-vous le célébrer comme tel ? Non bien sûr. Cette comparaison a des limites, mais elle est juste en ce sens et comme le dit le vieux proverbe:
"Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué."
Très pragmatique tout cela, me direz-vous. Mais cette dimension des fiançailles est primordiale: rien n'est sûr jusqu'au grand oui. Jusqu'à la seconde précise de l'échange des consentements. C'est à la fois rassurant et légèrement vertigineux.
Lorsque deux amoureux se fiancent, ils formulent le souhait de cheminer à deux vers le mariage, en étant dans une posture de discernement (rien n'est acquis ni sûr). Il est important de garder sa liberté pendant la période des fiançailles, pas pour aller voir ailleurs, mais pour garder le coeur disponible à d'éventuels signaux.
Ainsi, l'Eglise demande aujourd'hui une véritable préparation au mariage, complète, sous n'importe quelle forme (en paroisse, en session, avec ou sans autres fiancés). Durant ce temps, de multiples sujets seront abordés dont certains, probablement épineux, viendront creuser en profondeur et forceront peut-être l'un ou l'autre à se confronter à des blessures, des comportements, des façons de voir... Il est crucial d'être accompagné pendant ce temps, pour bénéficier de la clairvoyance et de l'éclairage de personnes avisées et/ou expérimentées (autres couples extérieurs, prêtres, professionnels...)
Pourquoi l'Eglise est-elle prudente ?
Parce que trop nombreux sont les divorces de par le monde;
Parce que chacun dans le couple arrive avec une histoire, des blessures, qui peuvent avoir altéré la liberté intérieure et ainsi causer des mariages "non valides"
Oui, mais...
Tout cela est beau, surtout lorsqu'on a compris que la préparation au mariage est d'abord spirituelle avant d'être matérielle.
Cependant, il y a une phrase que l'on entend parfois, et qui devrait être dite à chaque nouvelle fête de fiançailles:
"Les fiançailles sont faites pour être rompues."
Je sais, ce n'est pas très agréable à entendre lorsqu'on se présente, tout feu tout flamme, devant Monsieur le Curé pour lui faire part de nos intentions. Pourtant, c'est vrai. Et c'est quelqu'un qui l'a vécu qui vous le dit...
Fiancée à 20 ans à un homme encore adolescent que j'avais rencontré quelques années auparavant, étant moi-même encore bien immature dans ma tête, j'étais bercée par l'histoire féérique vécue par mes soeurs et mes amies, la plupart fiancées et mariées très jeunes. Le monde que je fréquentais alors me renvoyait une image très négative de la jeune femme pas mariée après 23 ans. Il fallait absolument que je rentre dans ce cadre. Ayant un vrai coeur d'artichaut au besoin avide d'aimer, il ne fut pas compliqué pour moi de trouver l'âme soeur.
Oui, mais voilà. Le Seigneur, comme la voix de guidage du GPS, m'envoyait de plus en plus de signaux pour me dire que je ne prenais pas la bonne direction. J'ai ignoré et esquivé, jusqu'à ma plonger dans une aridité difficile dans ma vie de prière. J'avais tout quitté pour prendre du recul suite au décès de mon Papa, j'étais à Philanthropos, en Suisse, et il m'était de plus en plus difficile d'assister à la messe ou de venir à l'adoration sans avoir le sentiment qu'on mettait en face de moi le non-sens de ma relation.
Un jour, je m'y suis confrontée. J'ai pris une belle claque, ce fut dur et le deuil fut long. Mais Dieu merci, j'ai fait le bon choix. J'ai accepté de mettre en lumière ma blessure profonde, celle qui me faisait croire que le mariage allait tout guérir alors qu'en réalité, la "relation-doudou" que je vivais ne faisais qu'accroître mon besoin de sécurité. Il a fallu tout arrêter pour la trouver en moi et en Dieu, cette sécurité.
J'ai alors été frappée de voir que beaucoup de personnes, dans ma famille ou mes amis, étaient heurtés par notre décision de rompre nos fiançailles. Certains disaient avoir déjà acté que mon ex-fiancé faisait partie de la famille, du groupe d'amis... Beaucoup ont eu peu d'égards pour mes propres émotions d'avoir du poser un tel choix, et peu se sont intéressés à mes difficultés personnelles.
Alors si vous êtes fiancés, préservez-vous le plus possible de tout ce qui pourrait mettre du brouillard dans votre choix.
Si vous accompagnez ou connaissez des fiancés, ne les précipitez pas dans le mariage, c'est le pire cadeau que vous pouvez leur faire. Comme cette soeur qui offre en cadeau de fiançailles un "album de famille" à compléter au fur et à mesure des évènements (mariage, enfants... au secours, comment ne pas craquer !), cette grand-mère qui offre à sa petite-fille tout un service de table, ou toutes ces peronnes qui demandent à un jeune couple quelle est la date prévue du grand oui.
Les fiançailles seront rompues, de toute façon: soit par le sacrement du mariage qui viendra aposer un nouveau sceau sur le couple, soit, malheureusement par une rupture du couple à l'aube du grand saut.
Les fiançailles sont une route
Et il vous appartient d'en définir les règles. Trois, six ou douze mois, deux ans... Peu importe tant que vous sentez que la paix vous habite. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet avant de l'épuiser... Et cela fera l'objet de prochains articles !
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