Voici quelque temps, Agnès nous partageait deux idées de lectures « pour un confinement enrichissant » : deux romans historiques retraçant le portrait de femmes sous la Révolution française.
Voici aujourd’hui trois autres idées, trois histoires de femmes d’aujourd’hui…
Ouf ! Maman part au couvent
Roman de Stéphanie Combe, paru aux éditions Quasar en 2019.
C’est votre histoire peut-être, ou celle de votre belle-sœur, de votre meilleure amie, de la mère du camarade de classe de votre fiston…
C’est l’histoire d’une femme, 38 ans, mère de famille, qui assure tout : la maison, les repas et les paniers de linge sale ou à repasser, le quotidien de ses enfants, l’école, ses conduites et son organisation, jusqu’aux réunions de l’association des parents d’élèves, les activités extra-scolaires des mêmes loustics, le bureau et ses multiples dossiers urgents, les collègues de travail, les réunions, les relations sociales, et peut-être le mari si elle trouve quelques instants dans le tourbillon des multiples impératifs…
C’est l’histoire d’une femme qui n’en peut plus d’assurer, partout et en tout temps.
A bout, elle "s’échappe" pour quelques jours et prend le train pour rejoindre un couvent où a lieu une retraite spirituelle prêchée par un prêtre assez détonnant. N’arrive-t-il pas un jour dans la salle de réunion avec, « par-dessus sa chemise à col romain un tee-shirt noir floqué "Dieu existe" » ?
« A la fin de sa prédication, le jésuite sortit de son pas tranquille. Soudain, des rires fusèrent. Clémentine leva la tête. Au dos du tee-shirt était marqué : "… mais ce n’est pas toi, alors détends-toi !" »
Ouf ! Maman part au couvent ! C’est un roman facile à lire, où, en plein confinement, le lecteur peut bénéficier de mil et mil petites leçons de vie, comme s’il était lui-même parti vivre une retraite, prendre un temps de repos de l’âme, et cueillir au fil des pages de petites leçons de vie pour peu à peu se délester du poids de la charge mentale peut-être accumulée.
« Ça n’a pas été facile pour moi de devenir mère. (…) Mon père spi m’a conseillé un exercice tout bête. Il s’agit de réaliser ou d’accueillir chaque jour un acte "imparfait" à mes yeux : porter un pull non repassé, ne pas relire cent fois un mail, présenter sans scrupule un gâteau un peu brûlé à table, dire que je suis fatiguée, en colère, ou que je me suis trompée (sans me justifier), recevoir dans une maison désordonnée, etc. Peu à peu, cela m’a transformée ; j’ai retrouvé une liberté intérieure que j’avais perdue depuis belle lurette. (…) j’ai compris que mes enfants n’avaient pas besoin d’une mère parfaite, et donc ‘parfaitement’ tendue, mais bien d’une maman telle qu’elle était, avec ses défauts, ses qualités et sa marge de progression. »
A la suite de chaque chapitre, une petite grille de relecture permet au lecteur de faire le point sur sa propre vie. La bibliographie en fin d’ouvrage offre une mine de ressources sur les sujets abordés : « A la fois femme, épouse et mère », « Au four, à l’église et au moulin », « Psychologie et développement personnel », « Éducation », « 100% Spi », « Des blogs, des jeux, des DVD ».
Un moment de détente, enrichissant et constructif !
« Ce que tu es est un cadeau de Dieu. Ce que tu deviens est ton cadeau à Dieu. »
La petite fille à la balançoire
Témoignage de Frédérique Bedos, paru aux éditions des Arènes en 2013.
On s’éloigne de la fiction.
C’est ici un témoignage, le témoignage d’une femme qui, petite fille, fut livrée à elle-même. Fille d’une fille-mère sans famille, fille qui ignore tout de ses racines, puisqu’elle ne peut se raccrocher aux récits contradictoires de sa maman bohème qui sombre peu à peu dans la folie… Petite fille qui devient la maman de sa maman, petite fille trahie par sa maman…
C’est le témoignage d’une petite fille qui, bousculée par les circonstances de la vie, devient une femme libre, épanouie, armée pour vivre sa vie, animée d’une force intérieure, d’une joie de vivre et d’un rayonnement époustouflants.
Un récit plein d’espérance, qui est aussi l’histoire d’un couple fécond, de cet homme et de cette femme que la petite fille pourra appeler "Maman", elle qui dédie son livre « A mes mamans ! A celle qui m’a donné la vie, qui m’a allaitée avec tendresse et qui m’a confiée. A celle qui m’a recueillie, qui m’a nourrie et qui m’a relevée. »
« Voici comment Marité et Michel ont commencé à avoir "beaucoup d’enfants" : juste en ouvrant leur porte, et en oubliant de la refermer. »
Une lecture qui interroge, qui suscite des émotions, qui amène à la contemplation aussi. Un témoignage de foi, même si Dieu est évoqué de manière très très discrète. Des peintures de femmes également. Des itinéraires de vie…
« Je ne sais pas comment Maman se débrouillait pour ne jamais avoir l’air d’être submergée par tout ce travail, et avoir quand même toujours le temps pour un câlin. Elle repassait pendant des heures, des caisses et des caisses de vêtements… Elle le faisait toujours en chantant, avec cette tendresse qu’elle mettait en toutes choses, même les plus pénibles. Je me cachais dans un coin, et je la regardais. Je la trouvais merveilleusement belle. Tout ce qu’elle faisait, elle le faisait avec amour, et ça rejaillissait sur nous. C’est sans doute en l’entendant chantonner à longueur de journée ces airs où il était question de confiance et de joie que j’ai osé lui parler de ce père céleste que je sentais toujours à mes côtés. Ça ne l’a pas surprise. A la maison, on ne parlait presque jamais de Dieu, sauf à Noël et pour les grandes fêtes, où ceux qui voulaient pouvaient aller à la messe. Mais j’ai découvert que Maman, elle, lui parlait très souvent... »
Des récits de combat aussi, car on ne sort pas indemne d’une enfance traumatisante. Mais au bout du bout, un témoignage d’amour.
« On nous parle de partage, de solidarité, de tolérance. Mais que serait-il advenu de nous, et de tous mes frères et sœurs, si Papa et Maman nous avaient seulement "tolérés" ?
Arrêtons de nous raconter des histoires. Ce n’est pas la tolérance qui sauve. C’est l’amour.
C’est ce que j’ai reçu. Et c’est inestimable. »
Violette
Il est plus facile de mourir que d’aimer
Roman de Jehanne Nguyen, paru aux éditions Quasar en 2015.
Encore une histoire d’amour. Et pourtant, tout donnait à penser que le désespoir vaincrait.
Violette, c’est l’histoire d’une jeune femme passionnée, qui perd brutalement l’homme qu’elle aime, et qui peu à peu, poussée par la douleur et le désespoir, va sombrer dans des conduites extrêmes…
Violette avait prévenu Samuel :
« - … en tout cas, toi, si tu meurs, je ne m’en remettrai pas, je te préviens !
- Mais si ! Tu vivais sans moi avant, tu sauras bien vivre sans moi après. Je ne m’inquiète pas. Et puis c’est vivante que tu me plais. »
A qui des deux la suite des événements donnera raison ?
Violette, c’est aussi l’histoire d’une rencontre lumineuse.
L’humanité est ainsi faite que parfois, notre force de vie intérieure témoigne d’une puissance insoupçonnable, telle la petite plante verte qui arrive, pour recevoir la lumière du soleil et l’eau de la pluie, à percer même le plus dur morceau de roche…
Un roman très réaliste où l’on nous parle de la déchirure du deuil et de la reconstruction. Le portrait d’une femme forte et fragile à la fois.
Un roman court et facile à lire, parfois dur, d’une grande profondeur, qui décrit le combat que chacun peut vivre, entre l’amour et la mort.
Sur ce blog, vous trouverez d'autres présentations d'histoires de femmes :
Adèle d'Aiguebrune, Pascale Rey (roman historique)
Le dernier bain, Gwénaële Robert (roman historique)
Alexandra, Vladimir Volkoff et Jacqueline Dauxois (roman historique)
L’Éveil de Mademoiselle Prim, Natalia Sanmartin Fenollera (roman)
Du poison au pardon, Priscille Roquebert (témoignage)
Les merveilleuses mères veilleuses, François Garagnon (petites méditations)
Les yeux fixés sur le ciel, Journal spirituel d'une mère de famille, Teresa Dmochowska (petites méditations, témoignage)
Et bien sûr, une mine de ressources dans la chronique "Cherchez la femme"
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