Le mystère de la maternité
Saint Jean Paul II soulignait lui-même l’immense mystère de la maternité ainsi : « On ne pourra jamais rien comparer à l’éminente dignité qui est la sienne du fait de sa maternité, lorsque celle-ci est vécue dans toutes ses dimensions »[1]. D’ailleurs, notons que la Vierge Marie, modèle de la femme, a accompli sa mission dans la maternité. Il ne faut cependant pas oublier de souligner que la maternité de la Vierge Marie a été associée de manière exceptionnelle à sa virginité de sorte qu’elle est également le modèle des femmes qui consacrent leur virginité à Dieu.
Quoi qu’il en soit de l’émancipation de la femme moderne, on ne peut nier que tout en elle révèle et exalte son attitude, sa capacité et sa mission à générer un nouvel être. Bien plus que l’homme, elle est tendue vers la tâche de la génération. En vertu de la grossesse et de l’accouchement, elle plus intimement liée à l’enfant, plus proche de tout son développement, plus immédiatement responsable de sa croissance. Elle participe à ses joies et ses douleurs.
Dans ce rôle, une caractéristique essentielle de la femme est mise en évidence : celui de ne pas rester renfermée sur elle-même mais de s’ouvrir et de se donner aux autres. Cela est affirmé dans la constitution du concile Vatican II, Gaudium et Spes, selon laquelle l’être humain « ne peut pleinement se trouver que dans le don désintéressé de lui-même »[2].
La maternité est donc une dimension essentielle, constitutive de la féminité. Rien, ne peut effacer la disponibilité innée à l’accueil de la vie de la femme. L’encyclique Mulieris Dignitatem le souligne ainsi : « La maternité est liée à la structure personnelle de l’être féminin ainsi qu’à la disponibilité de la femme au don de soi et à l’accueil de la vie nouvelle. [3]». Parmi les principes fondamentaux qui sont rattachés à la femme, sa « capacité de l’autre » est l’un des plus centraux. Cette intuition est liée à sa capacité physique de donner la vie et de comprendre très tôt la valeur de la vie et de ses responsabilités. La femme découvre ainsi le sens et le respect des choses concrètes mais surtout le sens de l’avenir et le prix de toute vie humaine.
Un amour inconditionnel
La maternité reste pour chaque femme une expérience inoubliable dans son cœur et dans son corps quelle que soit l’issue de la grossesse. De nombreux liens se tissent au cours de cette expérience : amour, don de soi, vie, mystère, fatigue, souffrance et accueil de la vie. Pour la femme, il s’agit d’une participation à un mystère auquel elle contribue mais qui la dépasse. Ce mystère prend chair dans sa propre chair. C’est une relation profonde et totale avec un autre être, dans une proximité incroyable. Ce qui parait incroyable est que le plus souvent, la femme s’attache d’emblée à ce petit être totalement inconnu. Il est aimé immédiatement comme une personne. Ainsi, amour, don, vie et respect inconditionnel de l’autre se nouent en une seule et même réalité.
Malgré cet attachement pour un être qui nous est étranger, la grossesse reste une période physiquement et psychologiquement éprouvante pour la femme.
L’expérience du don total
Par l’union des corps dans le mariage, la femme expérimente une première fois le don total de son corps. La maternité marque la deuxième expérience de ce don total. Elle doit accepter la déformation de son propre corps et la fatigue de son être.
L’accouchement constitue également une expérience symboliquement très dense. Le corps de la femme est alors livré, humilié, souffrant et en même temps, il participe à un mystère incroyable qui est celui de donner la vie. On assiste à ce moment-là, dans un seul et même corps, à l’association des dimensions charnelles et transcendantes. Cependant, il ne faut pas pour autant nier l’existence de blessures chez certaines femmes qui se refusent à s’ordonner à l’amour, à ce don total que représente l’amour maternel. Mais sans doute, on peut penser que les angoisses devant l’avenir doivent s’entremêler avec l’émerveillement et la tendresse devant un nouveau-né auquel on vient de donner la vie.
Dans la pleine ligne de la Vierge Marie, vivant pleinement du charisme de l’amour gratuit, en tout temps, les femmes ont élevé des générations entières dans le respect des valeurs fondées sur l’amour et l’accueil de l’autre. Ces valeurs font qu’un peuple devient tout simplement humain. Par-là, les femmes ont contribué à humaniser l’humanité, à arracher l’homme aux griffes de l’homme quand celui-ci devient un loup pour l’homme. Le cardinal Ratzinger l’a d’ailleurs souligné ainsi, lors de la fête de la Visitation de la bienheureuse Vierge Marie à Rome en 2004 : « La promotion de la femme au sein de la société doit donc être comprise et voulue comme une humanisation qui se réalise au moyen des valeurs redécouvertes grâce aux femmes ».[4]
Les femmes rendent à l’homme le sens de la gratuité, de la beauté, du respect et de la beauté donc de la vie. Ces valeurs leur sont innées. Tandis que l’homme est porté au faire, à l’efficacité, au rendement, à la technologie…la femme se porte instantanément vers la profondeur de l’être. Elle est ainsi davantage capable d’attention à l’autre. La femme se laisse guider par ses intuitions et par son cœur, quand ce sont la raison raisonnante, la performance et la rentabilité qui guident l’homme.
Malheureusement, cette maternité a été bafouée par certains courants de pensées féministes qui la voient comme une limitation imposée au développement de la personnalité féminine, une restriction de la liberté de la femme et de son désir de se prendre en charge et de s’épanouir dans d’autres activités. Ainsi de nombreuses femmes ne se sentiraient-elles pas poussées à renoncer à la maternité pour respecter cette « fausse » liberté qu’elles s’imposent ?
[1] Jean Paul II, L’éminente grandeur de la maternité, in allocution au cours de l’audience du 20 Juillet 1994, l’Osservatore Romano, Juillet 1994 [2] Jean Paul II, Lettre encyclique Gaudium et Spes n°24 [3] Jean Paul II, Lettre encyclique Mulieris Dignitatem 15 aout 1988 n°18 [4] Ratzinger J, Lettre aux évêques de l’Eglise Catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde, Congrégation pour la doctrine de la foi, 31mai 2004
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