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La Cène de Léonard de Vinci

Tout le monde connaît cette peinture de Léonard de Vinci, fresque réalisée pour le réfectoire du couvent dominicain Santa Maria delle Grazie à Milan. Voici comme le maître réussit à rendre l’effet dramatique de ce moment fondateur de l’histoire du christianisme.

Admirons l'œuvre du maître de la Renaissance et rendons grâce pour le saint Sacrifice du Maître de la Vie !


On considère souvent que cette scène se déroule juste après la parole du Christ : « Amen, je vous le dis : l'un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. » (Mc 14, 18). Dès lors, on comprend mieux l’agitation qui règne parmi les apôtres. Ceux-ci, par groupes de trois, s’interpellent l’un l’autre par des gestes éloquents traduisant leur désarroi. Saint Thomas, sceptique, tend l’index ; saint Philippe se lève pour proclamer son innocence ; saint Barthélémy, indigné, appuie ses deux mains sur la table… Léonard de Vinci recommande en effet de peindre les figures « de telle sorte que le spectateur lise facilement leurs pensées au travers de leurs mouvements », ce qu’il fait ici de manière magistrale.


Saint Philippe se lève : « Serait-ce moi ? » (Mc 14, 19).


Seule la figure du Christ semble apaisée, et se détache des autres grâce à l’arrière-plan de paysage qui se déploie par la fenêtre ouverte. Centre de tout, point de fuite, il est géométriquement mis en valeur par la composition très rigoureuse de la scène et l’effet de perspective. Il est là, mais déjà il nous emporte ailleurs, prêt à donner sa vie car il va la remettre entre les mains du Père : « Non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ». Les apôtres, eux, sont encore englués dans la vie terrestre et bloqués au premier plan comme le montrent leurs positions de mains qui forment comme une chaîne horizontale. C’est l’interprétation de la philosophe Simone Weil qui salue cette composition « sur plusieurs plans » comme « la clef de tous les arts »


La belle figure du Christ qui donne sa vie.


Le personnage de Judas est traité de manière originale : au Moyen-Âge, il était représenté à l’écart, souvent de dos. Ici, il est à table avec les autres mais reste dans l’ombre, comme s’il ne prenait pas vraiment part à l’événement. Il semble avoir donné bien des difficultés au peintre : le prieur, mécontent de la lenteur de l’avancée des travaux, convoqua même Léonard de Vinci qui lui répondit qu’il n’arrivait pas à trouver un modèle satisfaisant pour Judas et qu’il finirait par lui donner ses traits s’il insistait trop ! Il faut dire que le peintre était parfois un peu dilettante : il travaillait à sa fresque seulement « quand lui en venait l’envie ou la fantaisie » d’après un écrit du neveu du prieur… difficile de travailler avec un génie !


Judas, tenant la bourse de la trahison ; saint Pierre et saint Jean.


Malheureusement, la fresque est en mauvais état, sans doute à cause de l’enduit utilisé qui s’est avéré très sensible à l’humidité, et diverses restaurations plus ou moins maladroites. Mais je trouve que ces visages un peu morcelés ont quelque chose d’encore plus touchant, comme si cet instant plein de vie se prolongeait pour l’éternité. A nous de prendre le temps de les contempler et nous y ressourcer pour mieux pénétrer le Mystère immense de la Rédemption, réconfortés par les paroles du Christ : « Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit : je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées. Mais une fois ressuscité, je vous précèderai en Galilée. »


 

Pour lire la Passion selon saint Marc : par ici

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