Louer Dieu, c'est proclamer sa louange et le bénir en laissant jaillir la joie du cœur. Louer c'est délibérément regarder le beau, le bon et le bien. C'est "choisir de choisir" la joie et la gratitude, quelque soit la situation !
Cultiver la joie permet de se rendre présent à la présence de Dieu. J'aime cette manière d'exprimer la présence de Dieu car de son côté, Il est toujours présent à nous ; c'est nous qui ne sommes pas présents à Lui par notre inconsistance, nos infidélités, inquiétudes, pensées et préoccupations...
"Mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton cœur" Psaume 36, 4
Un acte d'amour
Louer Dieu, c'est le bénir. Bénir c'est en dire du bien, donc si vous cherchez quoi lui dire dans votre prière, commencez par le remercier pour sa merveilleuse et époustouflante création avec la prière de Saint François ! Comment ne pas le louer ? De l'infiniment petit, de l'infiniment grand, de la beauté de la mer, du ciel, des montagnes, des êtres humains, hommes et femmes, de la complexité de la création et de ses équilibres cosmiques ! A y regarder de près, tout est incroyable dans la création. Même le génie de l'homme capable de construire, développer, créer à son tour est invraisemblable,...
Poursuivez avec vous-même : n'est-ce pas incroyablement invraisemblable que je sois, moi, voulu personnellement par Dieu? Il a vraiment voulu que j'existe !! Moi !!! Il m'a créé par amour, infini, préférentiel et personnel ! N'est-ce pas incroyable? Moi, ça me fascine et je le remercie.
"Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus" (1Tess 5, 16-18).
Un acte de remerciement
Louer a posteriori, c'est facile. C'est simplement qu'on a observé que Dieu avait agit dans ma vie. C'est déjà pas mal et tout chrétien qui croit que Jésus est vivant devrait être attentif aux signes de sa Présence et ne pas s'en étonner plus que cela, mais simplement le remercier dans la joie d'être exaucé alors même que nous sommes des petites poussières devant Dieu, mais pour Dieu, nous sommes des trésors à secourir au prix de sa vie. C'est édifiant n'est-ce pas? J'ai envie de louer simplement à cette pensée. Mais Dieu nous appelle à aller plus loin ! Il nous appelle à le remercier de ce qu'il va faire et de croire que nous sommes exaucés au moment même où nous faisons la demande. Là, ça décoiffe... En fait, toute prière de demande devrait être une prière de louange.
Un acte de foi et de confiance
Merlin Carothers, dans ce petit livre "Puissance de la Louange" que tout chrétien devrait avoir lu dix fois nous rappelle :
"La louange est basée sur l'acceptation totale et joyeuse du présent comme faisant partie de la volonté parfaite d'un Dieu d'amour. Elle n'est pas fondée sur ce que nous pensons ou espérons voir arriver dans l'avenir."
La louange est un acte de foi par principe. "Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles. Quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour." (Romains 8, 26-28)
C'est sûr. Oui c'est certain, une contradiction saisit le cœur. Appelé à une foi radicale, absolue, folle, je constate mon manque de foi par ma résistance à l'abandon. Une petite voix intérieure me susurre à l’oreille que cette folie de Dieu est irresponsable, irréelle et même dangereuse. Cet abandon dans les bras de Jésus et de Marie est une folie. Une folie douce.
Un acte d'abandon de soi, de dépouillement, de confiance. De lâcher prise.
Un acte efficace.
Plus efficace que d'agir avec mes petites forces de poulet qui n'auraient jamais pu enfoncer les murailles de Jéricho : "Le peuple poussa la clameur et on sonna du cor. Lorsque le peuple entendit le son du cor, il poussa une grande clameur, et le rempart s’effondra sur place. Alors le peuple monta vers la ville, chacun droit devant soi, et ils s’emparèrent de la ville" (Josué 6, 20) ou encore l'armée de Josaphat qui eut simplement à prendre position et louer pour vaincre : "Vous n’aurez pas à combattre ; restez sur place et prenez position ; vous verrez comment le Seigneur va vous sauver. Juda et Jérusalem, ne craignez pas, ne vous effrayez pas. (...) Au moment où ils entonnaient l’acclamation et la louange, le Seigneur tendit une embuscade aux fils d’Ammone, de Moab et de la montagne de Séïr, qui marchaient contre Juda. Ceux-ci furent battus. (2Chroniques 20, 17-22)
Comment on fait ?
Je partage notre expérience de vie familiale et j'en profite pour bénir ma femme et rendre grâce à Dieu pour elle car celle-ci nous aide tous à vivre la louange au quotidien.
Étape 1 : Fini de râler !
La louange n'est pas compatible avec la culture de la critique, de la râlerie, de la complainte ou de la rancœur. Nous devons poser cet acte de renoncement au mal, car c'est un mal. "Je renonce à râler contre les contraintes sanitaires". Au fond, à quoi sert de râler et de nous plaindre ? A Rien. Si je regarde mon humeur après avoir râlé sur un sujet dont on je ne peux strictement rien (le gouvernement, les mesures, la rayure sur ma voiture, un désaccord avec ma femme,...), je n'y gagne strictement rien et suis plus tendu qu'avant. Surtout que râler implique de trouver une personne auprès de qui se plaindre. Vous allez lui pourrir sa journée avec vos sujets pourris. Une conversion à la culture de la joie est nécessaire, en particulier pour nous les cathos qui devrions avoir des "gueules de ressuscités" pour reprendre Nietzsche.
Opération #1 : "Coup de balai" Je renonce à râler dans mon cœur, au non de Jésus! Je renonce à lancer une discussion sur un sujet pourri, ou à participer à ce type de discussion (oser perdre quelques pseudo amis). Je prends même le contrepied : je remercie Dieu pour l'épreuve. Commencer avec une petite épreuve. Il s'agit d'une musculation de l'habitude, qui vient progressivement. |
Étape 2 : se rendre présent à la Présence
Vivre la louange est-il une forme de déni du réel? Au contraire ! Dieu est infiniment plus présent dans le réel que nous-mêmes qui sommes égarés dans nos rêveries, nos cogitations, nos croyances et nos peurs. Dieu, lui, est omniprésent. Il se rend présent à nous à chaque instant. Le louer, se mettre en sa présence, c'est rejoindre le réel : c'est Le rejoindre. L'Esprit Saint de Dieu n'agit ni demain ni hier mais maintenant. Louer, c'est accueillir Dieu ici et maintenant.
Opération #2 : "Coup de frein" Prendre un temps pour Lui, seulement pour Lui et faire silence. Taire en moi les pensées et lui offrir ce temps, littéralement perdu sur le plan matériel. |
Étape 3 : Consentir à la louange
Me jeter à l'eau dans la confiance. Concrètement, lorsque ma femme me propose de prier ensemble : "Bertrand, voudrais-tu louer Dieu avec moi ?" Ma première réaction intérieure se trouve parmi une des options suivantes, déclinables à l'infini : "c'est pas le moment, je ne suis pas disponible, je n'ai pas le temps, j'ai un truc à finir, j'ai trop d'ennuis pour louer, gérons les ennuis et nous louerons quand on les aura réglé, ce n'est pas le moment, je ne suis pas d'humeur, je suis fatigué,..." Si je m'écoute, je ne loue... jamais. Mon expérience personnelle est que la louange requiert un consentement à lâcher le contrôle pour remettre dans les mains de Dieu ce qui nous préoccupe. La louange ouvre les cœurs les plus fermés, râleurs, angoissés, souffrants ou occupés. Ma part, c'est de consentir, de m'y mettre et d'accueillir de qui pourrait se passer.
Opération #3 : "Saut dans le vide" Je choisis, seul ou à plusieurs, de lancer un ou plusieurs chants de louange que j'aime particulièrement, que je chante en faisant miennes les paroles (quelques proposition en bas de ce post). Je continue jusqu'à ce que mon cœur s'ouvre à la joie de l'Esprit Saint. |
Étape 4 : "C'est intéressant"
Abonnés au Festival Marial à Notre Dame du Laus depuis plusieurs années, nous y avons entendu une proposition décoiffante élaborée je crois par la Fraternité Marie Mère des Apôtres de Solies-Pont, pour rester dans la gratitude. Elle consiste à remplacer toute critique ou râlerie par une parole magique : "c'est intéressant". Un exemple : le plat de pattes est trop cuit : "c'est intéressant". J'ai marché dans une crotte de chien : "C'est intéressant". Je me cogne la tête sur un coin de porte de placard : "Ouille! comme c'est intéressant!". On se retrouve coincés dehors sans la clé de l'appart avec ma femme : "C'est intéressant, profitons du jardin". Je ne vous cache pas que cela nous détend autant que nous amuse. Cette parole magique agit comme une bénédiction et invite l'Esprit Saint à vivre cela avec nous, nous gardant dans sa paix et sa joie. C'est devenu un bon sujet de rigolade avec mon épouse et mes enfants. L'effet est assuré lorsque nous répondons "c'est intéressant" à des personnes amenées à critiquer le curé, quelques peu surprises par cette remarque incongrue mais coupant court à toute relance.
Opération #4 : "Pied de nez" A ma prochaine contrariété, je proclame avec force (et humour) "Tiens ! Comme c'est intéressant !" |
"Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : Que le nom du Seigneur soit béni ! " Job 1,21
Quelques chants que nous écoutons en famille à tue-tête pour cultiver joie et louange, en toute circonstance :
Article tombé à point, j'allais me plaindre à une collègue et je me suis arrêtée net en me disant que j'allais la pourrir pour rien :)
C'est intéressant !