Pour inaugurer ce blog, je me tourne vers Marie. En lui accordant une place d’honneur ici, place qui lui est due puisqu’elle est mère entre toutes les mères et femme entre toutes les femmes, je remets ce projet sous sa protection et lui confie tous les lecteurs qui le suivront, de près ou de loin.
A l’approche du Triduum pascal, alors que nous nous apprêtons à vivre le coeur de notre foi confinés dans nos maisons, en communion les uns avec les autres, j’aimerais regarder notre Mère.
Cette année, pour la première fois de ma vie et peut-être vous aussi de la vôtre, je ne participerai pas à la messe du jeudi saint assise sur un banc d’église, à humer le parfum de l’encens. Il n’y aura pas de chemin de croix durant lequel je me déplacerai de station en station, tout en scrutant attentivement les scènes représentées sur les murs de l’église. Pas de grand feu sur le parvis, pas de cierge dont la flamme provient du feu pascal, cierge que je pourrai tenir dans mes mains et contempler durant la Vigile. Ce soir-là et le lendemain, je fêterai Pâques sans pouvoir enlacer et embrasser mes amis en proclamant la résurrection du Christ.
Et puis surtout…pas de communion sacramentelle. Pour la première fois de ma vie depuis mes 7 ans, je ne recevrai pas le corps du Christ à Pâques.
En revanche, il y aura un samedi saint vécu avec Marie dans le silence qui suit la mort de notre Seigneur. Et ça, on y est invité chaque année.
Finalement lorsqu’on est privé du corps du Christ, comme Marie le fut de la Croix à la Résurrection, n’est-ce pas elle qu’il faut regarder ? Que s’est-il passé pour Marie ? Comment a-t-elle vécu cette privation ?
Marie a gardé fidèlement l’union avec son Fils jusqu’à la Croix, mystère qu’elle vit alors dans sa foi toute pure. Son cœur douloureux souffre avec Lui dans une communion sans égal. Présente à l’heure de la vie et à l’heure de la mort, elle est pleinement configurée au Christ.
Avant de mourir sur la Croix, Jésus donne sa mère à son disciple bien-aimé, Jean, et par là à toute l’humanité : « Voici ta mère » (Jn 19, 27).
Marie est la mère du Christ, de son corps, aussi bien physique que mystique. Cela signifie qu’elle est doublement mère : mère de Jésus et mère de l’Eglise.
Ces deux maternités découlent de sa consécration à Dieu dans la foi. Par deux fois, l’Esprit descend sur elle : à l’Annonciation et à la Croix.
La maternité qui suit le don au Calvaire est une maternité spirituelle qui s’étend à tous les hommes. La Vierge Marie, unie à son Fils par un lien indissoluble, est investie par Dieu d’une
nouvelle mission : elle enfante dorénavant les hommes à la grâce. Cela signifie qu’elle reçoit la vie de la grâce par Dieu et la communique à ses enfants.
« Jésus dit donc à Marie : c’est cette humanité que tu devras désormais regarder comme ton fils, et dont tu devras désormais porter la préoccupation devant le Père. »
P. FERLAY, Marie Mère des hommes
Cette nouvelle mission exige à nouveau de Marie son consentement libre, plénier et inconditionnel, comme au jour de la visite de l’ange Gabriel. En recevant Jean et en demeurant chez lui, elle accueille une humanité blessée, une humanité qui a tué son Dieu. Elle l’accueille pour la présenter au Père.
Cette dimension de la maternité mystique de Marie envers l’Eglise, et par là envers toute l’humanité, permet de mieux comprendre sa place dans l’économie divine. Au pied de la Croix, Marie porte l’offrande de la vie de son Fils.
Marie. Elle qui n’avait pas connu les douleurs de l’enfantement physique du Christ, à cause de son immaculée conception et de la nature divine de son Fils. Elle qui n’avait connu que la joie de mettre au monde le Saint des saints. Cette Marie, pure et vierge, accouche ici de l’humanité pécheresse, l’humanité meurtrière de son Dieu, dans une souffrance du cœur immensément plus intense que les douleurs de la maternité corporelle.
« Et toi-même, un glaive te transpercera l’âme. » (Lc 2, 35)
Au pied de la Croix, elle vit la Pâque jusqu’au bout. Après avoir abrité l’Innocence-même, la Vierge d’Israël nous accueille, pécheurs et criminels, en son sein.
En acceptant le sacrifice de son Fils, son cœur est élargi, de part en part, aux dimensions de toute l’humanité qu’elle reçoit alors dans son sein maternel.
Par cette maternité étendue à tous les hommes, l’union de ces derniers au Christ se trouve favorisée, facilitée.
« Le rôle maternel de Marie à l’égard de tous les hommes n’offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ : il en manifeste au contraire la vertu. »
CONC. OECUM. VAT II, Const. dogm. sur l’Eglise Lumen Gentium, n°60.
La maternité de Marie, à partir de sa Pâque, « dans l’économie de la grâce se continue sans interruption jusqu’à la consommation définitive de tous les élus. » (ibid., n°62)
Marie, même après son Assomption, intercède sans relâche pour cette humanité qu’elle reçoit en son sein, qu’elle fait grandir en elle, par ses soins maternels, pour l’amener au Christ et la présenter au Père.
L’analogie de la maternité a donc toute sa validité. Marie est mère des hommes non plus selon la chair comme pour Jésus, mais dans l’ordre de la grâce : en recevant tous les hommes comme ses fils par son Fils au pied de la Croix, elle participe et assiste à la naissance et à la croissance de l’Eglise, elle l’inaugure et l’accompagne de ses prières incessantes.
« Marie est appelée par Saint Augustin, et est, en effet, le moule vivant de Dieu, forma Dei, c'est-à-dire que c'est en elle seule que Dieu fait homme a été formé au naturel, sans qu'il lui manque aucun trait de la Divinité, et c'est aussi en elle seule que l'homme peut être formé en Dieu au naturel, autant que la nature humaine en est capable; par la grâce de Jésus-Christ. »
St Louis Marie Grignion de Montfort, Le Secret de Marie
Cela signifie que nous sommes façonnés par l'Esprit, au creux des entrailles de la Sainte Vierge. En elle, nous prenons la forme de cet écrin qui a reçu Dieu dans sa chair et dans son âme. En Marie, nous sommes configurés au Christ.
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Le samedi saint, Dieu se tait par amour. Le silence descend sur la terre et dans le coeur de sa Mère. Jésus n’est plus là.
Mais Marie est dans l’espérance. Dans le silence du samedi saint, elle enfante. Elle enfante l’Eglise. Et elle ne s’est jamais arrêtée depuis. Et nous, nous pouvons consentir à naître et renaître par elle.
Durant cette période où nous sommes privés de communion sacramentelle, durant cette Pâque à la teinte si particulière, Marie nous invite à demeurer auprès d’elle, en son sein, pour y être travaillés, modelés, sanctifiés.
Ainsi pouvons-nous nous aussi goûter à ce silence fécond, y participer et l’offrir pour notre monde.
Sainte montée vers Pâques à chacun.
A Jésus, par Marie.
Agnès A
Très belle article Agnès et car il mais la confiance qu’elle belle article espérance. je t’embrasse ainsi que antoine et tes garçons Louis et Théodore. Car je suis fan des hopen Agnès.
Merci pour ce bel article Agnès ! Merci pour tes mots qui invitent à la confiance ! Bonne semaine sainte à vous
Un premier article très prometteur ! Merci Agnes
Super bien écrit!