Il est minuit. Mon bébé de deux mois vient de s'assoupir après une longue tétée. L'aîné dort, lui, depuis longtemps. Dans la cuisine, le restes du dîner traînent. Devant le lave-linge, une corbeille pleine de vêtements humides attend d'etre étendue. Tant pis, tout cela sera fait, demain. Nous n'avons pas arrêté de la journée. La soirée, ce fut plus dense encore. Deux petits, deux rythmes différents. Et nous voilà, nous retrouvant tous les deux dans notre petite chambre, un bébé endormi dans son berceau à quelques mètres de nous.
Harrassés par le vécu de ces dernières semaines, nous nous regardons. Je sens dans ses yeux la même petite flamme qu'il y a quelques années, au soir de notre mariage. Cette flamme, c'est celle du désir. Et moi ? Je cherche. Je creuse au fond de moi pour la trouver, cette flamme, car je ne la sens pas. En ce moment même, je voudrais dormir. Je voudrais ne plus penser à tout ce qu'il y a à faire, car cela parasite trop ma disponibilité. Je voudrais passer du mode "survie" au mode "vie".
Et là, aux côtés de celui à qui j'ai dit oui, je me sens comme au premier jour... D'un côté, en moi, il y a la fierté de lui plaire, d'être désirable, et de redécouvrir que malgré tout ce que nous avons vécu, un espace demeure pour notre couple. L'espérance de voir se raviver nos émois amoureux après deux grossesses, un déménagement, un covid... Mais d'un autre côté, je sens déjà ma poitrine se gonfler et la montée de lait qui me picote. Toujours la nécéssité de nourrir ce bébé qui se rappelle à moi ! Je ferme les yeux. Comment oublier qu'un être humain a traversé mon corps et laissé des traces pour toujours ? Comment faire comprendre à l'homme que j'aime qu'à la seconde, je me sens comme une vierge, qui n'a aucune idée de ce qu'elle va vivre, et qui a peur ?
Se retrouver à deux après une grossesse et un accouchement, c'est aussi nouveau qu'une première fois. C'est même plus nouveau encore, puisque le corps est modifié, marqué, accidenté. L'homme lui, n'a pas changé. Pourtant, il se doit de redécouvrir sa femme avec une délicatesse infinie, de parcourir ce corps comme si c'était la première fois qu'il le découvrait, et de l'honorer pour tout le travail accompli.
C'est peut-être cela, le bonus. Malgré ce moment potentiellement difficile des retrouvailles, on peut savourer de recommencer le voyage avec un nouveau regard, une nouvelle flamme. On passe du ski de piste au ski de randonnée: il y a un effort à fournir pour se retrouver. Il y a toute une préparation pour la femme qui s'apprête à retrouver son mari, et il est important de respecter son timing, tout en veillant à ce que cela soit juste, pas seulement par paresse ou par peur de sortir de sa zone de confort.
Car il y aura la théorie: le gynéco qui vous glisse, à la sortie de la maternité: "N'oubliez pas que vous êtes avant tout femme et épouse". La sage-femme, qui vous dira que vous pouvez reprendre les unions lorsque les saignements seront finis et la rééducation périnéale commencée.
Mais Madame, avant de me donner à mon mari, je veux me retrouver, moi ! Avant d'envisager de reprendre la sexualité, je veux dormir ! J'ai un bébé que vous me conseillez d'allaiter à la demande, un mari dont le congé paternité n'est pas extensible, un aîné qui demande notre présence, et un corps convalescent !
Donc que ce soit 1, 3 ou 6 mois, prenez votre temps. Prenez le temps de vous redécouvrir. Savourer la reprise en douceur de la sexualité, dans le respect de votre corps qui a besoin d'être contenu, de retrouver ses limites, de guérir. On peut vivre comme des colocs quelques mois: ce n'est que la fatigue qui veut cela, et la nécéssité de trouver un rythme avec le nouveau venu. Et puis, un jour, vous aurez envie de vous laisser bercer par son désir, de ranimer le votre, de sortir cette jolie lingerie remisée au placard lorsque vous avez dû troquer votre garde-robe contre des vêtements de grossesse confortables. Attention: à vouloir s'obstiner, on peut se blesser profondément. Pensons à ces paroles de l'Ecclésiaste:
"Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel."
Il y aura d'abord des regards, puis quelques baisers, quelques caresses. Puis il y aura la main qui attire à soi, tendrement, les bras fort qui étreignent. Peut-être qu'à ce moment-là, on sera tremblante, inquiète de lâcher prise. Mais laissons-nous bercer par la voix du bien-aimé. Relisons ce cantique, où on l'entend qui frappe à la porte, qui se tient là, murmurant des mots d'amour, et attendant patiemment que sa bien-aimée soit prête à lui ouvrir.
Toi petite maman qui a peur de te donner à ton homme, sache que tu es pleinement à ta place auprès de lui, dans ses bras. Il est bon que vous preniez du temps pour vous, Dieu veut que vous accomplissiez son grand dessein d'amour en vous retrouvant. Plus on avance dans le mariage, plus la sexualité est belle, réussie et... satisfaisante !
Mesdames, faites confiance, laissez-vous aimer par vos hommes !
Messieurs, donnez-vous du mal pour vos femmes, faites-les rêver !
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