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Photo du rédacteurÉtienne D

Saint Joseph, héraut de la Providence

Nous voici au mois de mars de l’Année saint Joseph! Moment tout spécialement désigné pour nous laisser toucher par cet étonnant et merveilleux destin qui fut (et continue d’être!) le sien, tel un crescendo de grâce ininterrompu, tant au long de sa vie terrestre que céleste, à travers les siècles. Si bouleversant qu’il puisse nous paraître, ce chemin de vie préfigure en réalité le plan d’Amour de Dieu sur chacun et chacune d’entre nous. N’est-il pas pour nous un témoin de l’extraordinaire et surabondante générosité de la divine Providence, générosité qui ne demande qu’à combler pareillement nos vies? Le cœur des fidèles a su tout de suite s’attacher à la figure de Joseph dont il ne nous est pourtant rapporté que si peu de choses. Les mots de la Bible interpellent par leur insistance ou leur retenue, mais ni l’une ni l’autre n’advient au hasard. Plutôt que de présenter de l’information ou dérouler du narratif, ils nous emmènent directement au cœur de l’événement, ne s’attardant pas tant à détailler comment cela s’est passé qu’à révéler ce qu’il s’est passé, c’est à dire ce qu’il s’est joué dans des faits dont les yeux ne verraient que la surface, d’où leur attente parfois déçue s’il n’espèrent y retrouver qu’une simple restitution extérieure. Et voici, que de Joseph ne nous est rapporté aucune parole, et si peu d’épisodes, ces derniers n’en demeurant pas moins décisifs. Mais c’est précisément cette discrétion de l’Écriture qui manifeste si vivement la personnalité de Joseph.

On parle de lui chez Matthieu et Luc, où chez ce dernier il est situé, de manière presque anecdotique en apparence, par rapport à Marie, fiancée à « un homme de la maison de David, appelé Joseph » [Luc 1:27], à première vue c’est tout juste si l’on parvient à donner son nom! Matthieu introduit son évangile par la généalogie davidique (ce que fera Luc plus tard) de Joseph, époux de Marie, et reprend à la manière de Luc : « Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph » [Mt 1:18]

Si saint Luc parle du recensement d'Auguste et du Recouvrement au Temple, c'est dans Matthieu que sont mentionnées les principales actions connues de Joseph ainsi que les aperçus de sa vie intérieure : le choix de ne pas répudier Marie, la fuite en Egypte, l'établissement de la Sainte Famille en Galilée pour échapper à Arkélaüs. Trois fois cet homme insignifiant aux yeux du monde a dû soustraire le Fils de Dieu à la mort, Enfant menacé avant même sa naissance. Bien que les hommes finiront un jour par Le retrouver et Le tuer, le dévouement de Joseph aura permis à la Parole d'être entendue avant que cette heure n'arrive.

Et puis, après ces événements, Joseph cesse tout à coup d'être nommé, et on ne le retrouve plus que chez Luc, dans l'expression « les parents de Jésus » [Lc 2:22,43,48] ou « le père et la mère de l'enfant » [Lc 2:33]. La Vierge Marie est la dernière à évoquer sa présence au singulier : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fais cela? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! » [Lc 2:48] On connaît la réponse de Jésus: « Comment se fait-il que vous m'ayez cherché? Ne le saviez-vous pas? C'est chez mon Père que je dois être. » [Lc 2:49]

Le Christ proclame sa filiation véritable, et néanmoins c'est dès cet instant qu'il est dit qu'Il « leur était soumis ».

Après ce dernier épisode de l'Évangile de l'Enfance, Joseph s'éclipse cette fois totalement et ce qu'il advient de lui appartient au mystère de la Sainte Famille. Serviteur fidèle, comme Jean-Baptiste il aura compris, à mesure que Jésus « grandissait en sagesse, en taille, et en grâce » que « Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi que je diminue. » [Jn 3:30]

Aussi mystérieuse que fut son apparition, son effacement advient comme dans un songe.

Plus tard, l'évocation fulgurante de son souvenir montre qu'il a pourtant bel et bien été: « N'est pas là le fils de Joseph? » [Lc 4:22] voire « le fils du charpentier ? » [Mt 13:55]. Un ultime écho dans un grand silence...


Nous pouvons être impressionnés et quelque peu intimidés par certains saints, par leur héroïcité, leurs paroles marquantes ou leurs œuvres éclatantes. L’amitié avec eux, à laquelle nous sommes pourtant invités, peut parfois prendre plus de temps à devenir naturelle et simple. Mais avec Joseph, le cœur se confie spontanément.

Joseph par sa discrétion et son silence, aménage comme un espace où nous nous sentons accueillis et écoutés, un lieu où nous ne nous sentons pas jugés. Sa disponibilité et son dévouement à Jésus et Marie laisse encore une place où nous pouvons venir tels que nous sommes. La consonance douce de son prénom semble déjà révéler la délicatesse et la bonté de cette âme de père, et rend son invocation si tendre.


Les enfants dès leur plus jeune âge le connaissent bien, entre autres parce qu'avec Jésus et Marie c'est le troisième personnage le plus important de la crèche, que l'on n'imagine pas sans lui!


Comme eux, saint Joseph a un jour été un enfant ; Jésus ne s’était pas encore incarné, la Vierge Marie n’était pas encore née, et déjà la tendresse divine façonnait le cœur de ce petit garçon anonyme d’Israël, auquel même les rois rendraient un jour hommage. L’enfant Joseph savait-il en effet que le Père l’avait choisi pour un jour accueillir chez lui la Sainte Vierge et Jésus, choisi pour être leur famille et l'instrument de la Providence auprès d'eux? Et au-delà, au travers des siècles, pouvait-il deviner que sa vocation ferait de lui un intime de nos foyers, de notre quotidien, de nos joies et nos peines? Donné à la Famille du Fils de Dieu, savait-Il qu’Il deviendrait donné à toutes les familles de la Terre?

Comme nous, il n’avait rien pour voir au travers du voile de l’avenir. Il avait seule la promesse inscrite dans son prénom, « Joseph » : « Dieu ajoutera... » Ajoutera... quoi donc? Cette ouverture mystérieuse, c’était le secret de Dieu et de Sa Providence, et Joseph pouvait trouver dans son prénom une espérance sur laquelle fonder et nourrir sa foi : Dieu y est révélé comme Celui qui ajoute, et Celui dont on doit croire qu’Il ajoutera effectivement.

Les paroles de Jésus éclaireront merveilleusement cette vocation : « à celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance » [Mt 25:29] [Mt 13:12], et « cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa Justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » [Mt 6:33]. Abondance et surabondance, ajout sur ajout, telle fut et telle est encore la destinée de Joseph, car il s’est attaché à chercher la Justice, permettant ainsi à Dieu de le visiter. Tout jeune il n’avait pas entendu les paroles de Jésus, mais il connaissait celles du Psaume 91 : « Le juste grandira comme un palmier, il poussera comme un cèdre du Liban ; planté dans les parvis du Seigneur, il grandira dans la maison de notre Dieu » [Ps 91:13-14] Ici, Dieu ajoute à la croissance du Juste et la favorise.

En devenant cet « homme juste » [Mt 1:19] Joseph put ainsi être l’arbre sous l’ombrage duquel, avec celui de la Vierge, pourrait s’abriter la petite pousse d’humanité du Christ.

Père nourricier de Jésus, à qui il transmettra son propre métier (cf. Mc 6:3) et dont il partagera les années de vie cachée, son intercession est particulièrement puissante sur le cœur du Fils de Dieu.

Combien de fois l'ai-je invoqué et ai-je été exaucé, au-delà de ce que j'aurais pu imaginer! Parfois ce fut de manière surprenante, voire franchement contrariante au premier abord, avant que je réalise combien je recevais ce dont j'avais besoin à ce moment-là! Je fus même tout étonné, en voyant telle porte tant désirée se fermer, de voir précisément dans une pareille déconvenue le signe que l'on ne m'avait pas oublié là-haut! D'abord bien frustré, et en même temps plutôt bien rassuré ; je n'ai pas été déçu. La dévotion à saint Joseph est une très bonne école pour apprendre à faire confiance à la Providence, laquelle nous délivre de toutes ces inquiétudes et soucis de la vie, pour nous rendre disponibles à accueillir ce que le Seigneur nous envoie chaque jour.


Discret, Joseph le restera jusque dans ses apparitions, qui sont peu fréquentes (du moins celles qui sont rapportées). À ce jour on en recense quatre reconnues par l'Église: en Irlande, en Pologne, au Portugal et en France. Ce dernier sanctuaire situé à Cotignac dans le Var, revêt une importance toute particulière dans l'histoire de France, puisque de là-bas ont été répandues les grâces qui ont donné lieu d'abord au vœu de Louis XIII, qui consacra son pays à la Vierge Marie dans sa glorieuse Assomption, puis 23 ans plus tard, au pèlerinage de Louis XIV qui se rendit à Cotignac et consacra son royaume à saint Joseph le 19 mars 1661. Dans une même démarche de reconnaissance, plusieurs souverains prénommèrent leurs héritiers Joseph, mais cette pratique vaut aussi pour l'ensemble du peuple chrétien!

Il est beau justement de voir aujourd’hui la ferveur qui entoure ce grand saint ; les processions en l'honneur de saint Joseph ont une grande vitalité, et j'ai vu dernièrement plus d'un petit garçon porter son nom... Cette dévotion n'a fait que gagner en élan depuis des décennies, et les successeurs de Pierre ne sont pas en reste. En 1870, le Pape Pie IX le proclame patron de l’Église Universelle, et institue cette commémoration au 3e dimanche après Pâques, puis en 1955 est introduite la fête de Saint Joseph artisan le 1er mai. À peine quelques années plus tard, saint Joseph est invoqué comme Protecteur du Concile Vatican II, à l’issue duquel, en décembre 1962, le pape saint Jean XXIII introduit le nom de Joseph dans la prière eucharistique I, avant que cela ne soit étendu à l’ensemble des quatre prières eucharistiques en mai 2013, Benoît XVI ayant accueilli le vœu des fidèles, confirmé et appliqué par le pape François. Ce dernier enfin dédie l’année 2021 à saint Joseph... une magnifique occasion à saisir pour se rapprocher encore de lui, pour qu'il nous guide dans la contemplation du Christ!

Dans ces nombreux hommages rendus à Joseph, on peut y discerner un signe des temps, notamment à notre époque où la famille est si attaquée. Le Seigneur nous donne Son intendant bon et fidèle pour veiller sur la grande famille de l’Église et la garder sous sa protection. Ainsi plaît-Il à Dieu, deux millénaires après, de faire encore croître son serviteur en honneur auprès de Ses enfants.

Oui, même au Ciel Dieu ajoutera...

car Dieu est fidèle à Sa promesse.


 

Demain nous nous trouverons à 9 jours de la Solennité de saint Joseph le 19 mars!

Vous pouvez si vous le souhaitez vous préparer à sa fête avec la neuvaine du blog :

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