Bientôt, la jeune novice fera sa profession. Si les couleurs des Dominicains sont le noir et le blanc, elle se dit que le noviciat n'aura pas toujours été rose ! Périodes de doutes, pleurs, grandes joies et élans mystiques, sentiment d'abandon... Ce n'est pas simple de quitter la vie séculière et de s'habituer au couvent. On a l'impression de tout devoir réapprendre, de réorienter totalement sa vie, y compris dans les détails du quotidien.
A présent, elle se sent prête à revêtir le voile noir des professes. C’est le symbole de son engagement, et elle ne peut s’empêcher de penser que c’est son Seigneur Lui-même qui lui donne cet habit : “Car il m'a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, comme le jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux”. Un signe extérieur de l’orientation donnée à tout son être, dorénavant tourné vers son Seigneur.
Son cœur est plein de joie, elle voudrait crier au monde, comme la Vierge Marie au Magnificat : “Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur !” Enfin, ces années de préparation se concrétisent. La promesse, mûre et réfléchie, passera ses lèvres devant la communauté réunie. Elle veut “rendre témoignage à la lumière” qui l’a prise et enveloppée toute entière.
Elle le sait, cette joie est une grâce, un cadeau si précieux qu’elle en prendra soin avec grande vigilance. Car la tristesse et l’acédie guettent les âmes sûres d’elles. Seule la confiance et l’humilité ont raison de ces fléaux. Saint Paul donne les moyens d'y parvenir : “Priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus.” La clé est le discernement : “Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal”. Mais attention ! Cette veille n’est pas une traque fiévreuse et angoissée du péché qui se cache en nous. Tout est fait dans la paix, sous le lumineux regard du Christ.
C’est Lui qui vient, Lui qui guérit. Elle sera épouse du Christ, le Ressuscité qui reviendra pour juger les vivants et les morts, mais aussi le Tout-Petit qui naît dans la crèche. Ce petit fait vibrer sa fibre maternelle et comble son désir. Bientôt elle le prendra dans ses bras et l’adorera dans le silence de son âme. Bientôt, c’est Noël !
Cette chronique m'a été inspirée par une très chère amie dominicaine.
Les textes sont ceux du troisième dimanche de l'Avent B.
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